derrière le masque, le visage
DERRIÈRE LE MASQUE…
DEF = italien « maschera » = qui noircit le visage, le recouvre d’un voile opaque ; objet qui couvre et dissimule le vrai visage (dissimulant le vrai) tout en proposant une autre / une fausse image, immobile et simplifiée (simulant le faux) ; il ne se contente pas de faire disparaître le vrai visage, il fait apparaître autre chose à la place. Il n’a de sens qui si porté en présence des autres et perçu par les autres car a pour but de tromper le regard d’autrui ; en cachant le vrai visage, il peut le protéger du regard inquisiteur d’autrui en faisant écran, mais aussi permettre d’identifier plus rapidement et grossièrement le personnage, en servant de projecteur d’une nouvelle identité (cf rôle des masques dans le théâtre antique, « persona » en latin/ « prosopon » en grec). Le masque crée ainsi un personnage en cachant la vraie personne / personnalité, en dissimulant le vrai visage aux yeux d’autrui. Le masque possède donc à la fois une fonction de symbole (faire signe vers autre chose que soi) et de métamorphose du moi (produire un changement de forme et d’apparence).
… LE VISAGE
DEF = partie du corps humain la plus visible et la plus exposée au regard des autres, le visage permet de voir le monde mais aussi d’être vu et reconnu car il singularise triplement l’être humain :
- en le distinguant de l’animal (# la gueule ou la face), d’autant que le visage humain est tourné vers le monde et vers le haut, « contemplant des yeux la vaste étendue du ciel » (Rousseau).
- par des traits distinctifs propres à chacun, porteur de notre identité personnelle, mais aussi de nos modalités d’expressions personnelles (émotions, regards), lesquelles traduisent ou trahissent nos pensées.
- en étant porteur d’un message / d’une injonctions morales ; pour Lévinas, le visage étant le signe de l’âme humaine, il transmet directement à autrui une signification, celle de notre appartenance à une humanité universelle (« Le visage parle. Il parle en ceci que c’est lui qui rend possible et commence tout discours. »), et engage la responsabilité de celui qui le regarde du fait même de sa vulnérabilité (il est désarmant, comme s’il nous disait « tu ne tueras point »). « Le visage est ce qui nous interdit de tuer ».