qu’est-ce que « faire confiance » ?
La confiance peut être définie comme la croyance spontanée ou acquise en la valeur morale, affective, professionnelle… d’une autre personne, ce qui fait que l’on est incapable d’imaginer de sa part tromperie, trahison ou incompétence. Il s’agit donc de franchir le fossé qui nous sépare de l’autre (du fait de la transcendance des consciences) pour supposer qu’il existe en lui/en elle une valeur réelle et objective, susceptible de justifier des relations authentiques et sincères.
Ainsi la confiance est un véritable pari sur la fiabilité de l’autre qui implique toujours une prise de risque car une incertitude. Faire confiance c’est justement sortir de toute logique de contrôle ; le propre de la confiance est l’intériorisation et l’acceptation de ce coefficient d’incertitude. Comme dans les fiançailles où deux personnes se font la promesse de se marier (car être amoureux implique d’accorder une confiance totale en l’autre), on assure à l’autre quelque chose sur quoi nous n’avons pas de garantie ; la différence entre confiance et mensonge est que la confiance ne prétend pas détenir la vérité, elle fait un pari sur la vie et sur la personne de l’autre alors que le mensonge croit détenir la vérité qu’il cache. Bref, la confiance demande une assurance sans assurance, et c’est précisément parce qu’il n’y a pas de preuves ni de garanties qu’il faut parier.
Enfin, la confiance est indispensable pour construire l’intersubjectivité et l’interrelation qui est le socle de toute communauté sociale ou politique. Une société de la défiance (ou de paranoïaques / de complotistes) où tout le monde se méfierait de tout le monde serait invivable et engendrerait une guerre de tous contre tous, car chacun représenterait ou aurait l’impression que l’autre représente une menace pour ses semblables (cf état de nature hobbesien).
La trahison de la confiance d’autrui introduit donc une faute morale. Il y a dans tout mensonge (dissimulation de la vérité dans le but délibéré d’induire l’autre en erreur) une intention trompeuse à l’égard d’autrui, un vol de confiance qui abuse de notre capacité à croire, comme dirait Jankélévitch.