DEFINITION FORCE DE VIVRE
a) La force physique ou « force d’agir »
1* Sens mécanique et scientifique : La puissance comme la force est la capacité physique en acte à produire un effet de manière efficace, c’est une capacité à faire, à produire son effet, une puissance physique ou action mécanique qui permet d’induire un effet sur quelque chose d’autre donc une interaction mécaniste. Dans la mécanique classique, la force désigne l’activité qui change l’état de mouvement ou de repos d’un corps et se traduit par un changement de vitesse, ce qui met en branle, met en mouvement ou l’accélère. Valable sur toutes les choses qui sont. Un objet interagit sur un autre pour lui imposer un mouvement. (# énergie = capacité en puissance à modifier son propre état). Dans la nature la force est neutre, toute matière, pour être, résulte de forces internes qui lui donnent sa cohésion, et d’autre part exerce des forces sur ce qui l’entoure.
2* Sens politique : Cependant cette notion ne s’est jamais limitée à la vitesse : elle prend une connotation politique quand il s’agit d’exercer une contrainte physique sur la volonté d’autrui, ce qui entre en contradiction avec la liberté de l’individu ; sa source reste extérieure au domaine politique (car elle reste physique et matérielle, même quand elle est sociale et devient la force du nombre) mais ses effets sont politiques : elle a alors pour objet d’imposer l’organisation d’un certain ordre social dans lequel une minorité ou une majorité gouverne du fait de la supériorité de sa force matérielle ou numérique (« de force », « force de frappe »). Valable sur des êtres humains qui sont libres.
b) La force morale ou « force de réagir »
La force ne permet pas seulement de contraindre mais aussi de maîtriser, conférant une supériorité non pas physique mais psychologique et morale. Cela se rapproche plus du sens étymologique qui désigne le courage et la force d’âme.
* Sens psychologique et moral : Par extension, la notion de force signifie la possession d’une capacité intellectuelle ou morale qui permet de résister face à l’adversité, de résister à tout ce qui contrarie nos désirs et projets et une volonté de persévérer. Contraignante si elle provient de l’extérieur, la force peut être résistante si elle provient de l’intérieur pour s’opposer à cette contrainte externe. Elle consiste alors dans l’énergie pour supporter, prendre sur soi. Valable pour les êtres humains qui sont des existants. La force dont dispose un individu est le résultat d’une éducation mais l’individu pour exister peut avoir à libérer sa force contre les autres pour s’exprimer et se répandre, au risque de devenir violente si elle rencontre un obstacle ou une résistance.
c) Que se passe-t-il quand la notion de force est appliquée à celle de vie, notion polymorphe ?
- Pour un seul mot latin VITA, il existe deux mots grecs BIOS et ZOE qui indiquent d’ores et déjà une double direction : ZOE désigne les fonctions vitales propres à l’organisme vivant ZOON donc la vie comme principe d’animation et de croissance que l’on reçoit, que l’on donne ou que l’on perd, celle qu’il est nécessaire de gagner pour survivre, en trouvant des vivres, en mangeant de la viande ou en allant gagner son bifteck ; tandis que BIOS désigne le mode de vie, la manière de vivre et d’agir, c’est la vie que l’on a ou que l’on mène et qui peut un jour devenir belle, spirituelle, voire éternelle ; c’est aussi celle qui peut se doubler d’une réflexion éthique (bio-éthique).
- VIVRE le verbe vivre qui est un verbe d’action qui exprime au mieux le mouvement et le processus, la marche en avant du fait d’être vivant, le cours de la vie, son écoulement dans le temps qui passe, plus que le substantif « la vie » qui fige et rend abstrait (« la vie est là, simple et tranquille » Verlaine). La vie n’est pas un état mais une activité. Vivre c’est être en vie, être en train de vivre, et c’est en cela que la force peut être inhérente à ce mouvement. La vie est définie par Spinoza comme la « force par laquelle les choses persévèrent dans leur être », ce qui a beaucoup influencé Nietzsche. Le titre du livre V des Contemplations de Hugo « En marche » est paradigmatique de l’essence du fait de vivre, qui ne met pas un pied devant l’autre ne peut que stagner ou tomber, le propre de la vie étant le dynamisme, la tension vers l’affirmation, vers l’accomplissement.
- VIVRE ce n’est pas encore EXISTER, c’est subvenir à ses besoins par instinct ou par habitude, ce qui relève du déterminisme biologique propre à tout être vivant, même si le modalités de survie peuvent varier d’une espèce à l’autre. L’expression est donc d’abord employée quand le corps est mis à l’épreuve, et dans son sens physiologique, au sens propre, elle désigne la propriété du vivant à continuer à survivre dans le monde grâce à ses aptitudes physiques. Mais au sens figuré, si l’on prend la force au sens moral du terme, dans une situation de lutte, il apparaît que la force de vivre n’est pas seulement une propriété innée mais acquise au fil de expériences et relative aux circonstances : elle marque alors un état auquel est parvenu l’individu grâce à sa volonté ou son espoir. Elle se cultive avec le temps et l’expérience. On éprouve et mesure alors sa force de vivre à notre capacité à relever les défis de l’existence. Ici vivre au sens fort = exister = prendre conscience de sa vie et lui donner un sens.
En résumé : la force de vivre pourrait se définir comme la capacité physique ou psychique de persévérer dans son être en vue de survivre, voire de mieux vivre sa vie, de mieux exister face à une situation donnée.
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