enfance

« Tout ce qui accueille l’enfance a une vertu d’origine » Gaston Bachelard, La poétique de la rêverie

* L’enfance est une donnée anthropologique universelle : aucune société humaine ne fait l’économie d’une représentation ou dune construction culturelle, d’une forme symbolique, qui distingue le grand du petit, l’adulte de l’enfant ; l’enfance n’est pas un concept relevant d’une invention tardive, c’est un fait, une donnée objective, et en tant que tel, elle est partout où l’humanité est présente.

* Il n’en reste pas moins que le contenu de cette représentation est soumis à une grande relativité spatio-temporelle : que ce soit dans le temps ou dans l’espace, on assiste à une redéfinition de la valeur de l’enfance selon les époques et les moeurs.

* Tentons malgré tout une définition…

DEF : Première partie de la vie humaine, de la naissance à l’adolescence. C’est donc la période de la vie humaine allant de la naissance à la maturité. NB : La petite, la tendre ou la prime enfance désigne les toutes premières années (avant 3 ans) ; par métaphore on parle de l’enfance du monde ou de l’humanité pour désigner ses commencements. Les grandes périodes d’une vie humaine étant traditionnellement (si l’on devait cloisonner) :

- l’enfance (on parle d’ailleurs de « premier âge »), avec l’âge de raison à 7 ans, est un monde naturel, anhistorique et a-critique, où règne la nécessité, tous les êtres étant ce qu’ils sont et ne semblent pas pouvoir changer. L’individu se trouve dans une situation de dépendance dont il désir sortir.

- l’adolescence avec la puberté (comme une « seconde naissance » dirait Rousseau) où la personne est assez grande pour engendrer (« adolesco » = je grandis ; on remarque que la durée de l’adolescence s’étendra de plus en plus, refoulant l’enfance en amont et la maturité en aval), on pourrait définit l’adolescent comme un enfant qui a désormais des capacités de procréation et porteur d’un nouveau désir sexuel mais 1) la sexualité depuis Freud a été étendue en amont de la puberté (distinguer sexualité passive et active à la rigueur) 2) la sexualité ne marque plus le passage à l’âge adulte, c’est tout au plus une césure interne à la jeunesse. 3) ce qui distingue l’ado de l’enfant serait plutôt le plaisir à transgresser les interdits et les lois de toute sorte (alors que chez l’enfant, si c’est le cas, c’est un moyen d’autre chose et sinon l’enfant se définit par l’hétéronomie, recevant sa loi de l’autre) : ce qui définit l’ado serait donc plutôt l’accès au pouvoir de mettre à distance la loi reçue, la remise en cause de la légitimité de l’autorité, oscillant entre l’anomie -absence de loi- et l’autonomie-se donner à soi-même sa propre loi : « il ne veut plus être gouverné » nous dira Rousseau (IV, p 490, Pléiade). Posture d’opposition à l’autorité qui signe la naissance d’une subjectivité qui désire se déterminer par elle-même. L’ado découvre par là la contingence des choses et l’angoisse/ l’absurdité qui l’accompagne : ce qui est, aurait pu ne pas être ; on se sent étranger au monde et comme de trop (comme une « protubérance injustifiée » dirait Sartre), passant du monde clos de l’enfance à l’univers infini de la jeunesse… La crise d’adolescence marque précisément cette découverte du monde comme problème, où l’on passe du monde familier de l’enfance à la découverte du grand monde auquel on aspire et dont on craint d’être exclu (ce qui va aussi changer notre relation aux autres d’où la naissance du sentiment moral chez l’individu décrit par Rousseau « ce qui nous sert, on le cherche, mais ce qui peut nous servir, on l’aime. Ce qui nous nuit, on le fuit, mais ce qui nous veut nuire, on le hait » IV p 492, Pléiade).

- la jeunesse (la « force de l’âge », où la personne est en sa plus grande force, jusqu’ à 40 ans environ ??), sachant qu’il faudrait distinguer la sortie de l’enfance (de plus en plus précoce) et l’entrée dans le monde adulte (de plus en plus tardive), ce qui rend la réponse à la question « qu’est-ce qu’un jeune ? » de plus en plus difficile à trouver…

- l’âge adulte (et non l’adultère !), et on peut alors considérer que nous ne serons plus jamais personne d’autre que celui ou celle que nous sommes devenus, les choix ayant été faits étant plus ou moins irréversibles ; on a ± 30 ans devant soi pour savoir si nous nous sommes réussis…

- la vieillesse, qui commencerait vers 70 ans et finirait avec la mort…

Cela correspond donc à la fois à des fonctions biologiques et à des fonctions sociales (ou à leur absence, au début et à la fin surtout).

A partir du XVIIème le mot « enfance »/ « petit enfant » trouve un usage plus répandu et concerne une durée plus longue dans la bourgeoisie : on est enfant du moment qu’on est dépendant des autres donc on utilise ce vocable pour désigner un valet, un soldat, un ouvrier etc ; c’est aussi un terme d’amitié entre personnes d’âges et de familles différents : « adieu bonne mère » / « adieu mon enfant ». Le mot anglais « baby » s’appliquait au départ à de grands enfants : il demeurera longtemps une lacune pour désigner l’enfant dans ses premiers mois et cela sera seulement comblé au XIXème avec l’emprunt à l’anglaise qui donnera « bébé » ; le français a également emprunté à l’italien (bambin vient de bambino), au provençal « pitchoun », au vieux français marmouset / marmot / morveux. On pourrait dire avec Ariès que la jeunesse est l’âge favori du XVIIème, l’enfance celui du XIXème et l’adolescence celui du XXème.

# Antonymes = maturité ; vieillesse ; déclinaison ; sénilité ; gâtisme …

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